Eva de Vitray-Meyerovitch (5 novembre 1909 - 24 juillet 1999) fut une figure majeure de l'islamologie française. Docteur en islamologie, chercheuse au CNRS où elle dirigea le service des sciences humaines, elle était également traductrice et écrivaine. Au cours de sa carrière, elle publia une quarantaine d'ouvrages et de nombreux articles.

Après la Libération, au CNRS, elle fit la connaissance de Louis Massignon, qui joua un rôle clé dans son parcours intellectuel. C'est à travers le livre de Mohammed Iqbal, Reconstruire la pensée religieuse de l'Islam, qu'Eva découvrit l'Islam. L'œuvre de Jalâl ud Dîn Rûmî la captiva particulièrement, lui révélant la dimension mystique de l'Islam : le soufisme. Cette découverte marqua un tournant dans sa vie.

Elle entreprit alors l'apprentissage du persan, ce qui aboutit à ses premières traductions des œuvres de Mohammed Iqbal et de Rûmî. En 1968, après avoir soutenu sa thèse de doctorat sur les thèmes mystiques dans l'œuvre de Rûmî, elle fut détachée au Caire en tant qu'enseignante à la prestigieuse université Al-Azhar. En 1971, elle accomplit son Hajj et visita Médine, approfondissant ainsi sa connexion spirituelle avec l'Islam.

De 1972 jusqu'à son dernier souffle, Eva se consacra à la publication de traductions commentées et d'ouvrages personnels sur l'Islam, le soufisme et les derviches tourneurs. Son œuvre majeure reste la traduction du Mathnawi de Rûmî, publiée en 1990. Cette œuvre monumentale, composée de 50 000 vers répartis sur 1 700 pages, fut pour la première fois traduite en français grâce à son travail acharné.

Eva de Vitray-Meyerovitch s'éteignit le 24 juillet 1999 à Paris, où elle fut initialement enterrée. Conformément à son vœu, des démarches furent entreprises en 2003 pour transférer sa dépouille à Konya, en Turquie, près du mausolée de Rûmî. Ces démarches aboutirent en 2008, et une cérémonie officielle fut organisée le 17 décembre 2008 pour son inhumation à Konya, face au mausolée de celui qui avait tant inspiré sa vie et son œuvre.